Salafin-Taslif: L'ensemble pèsera 2,5 milliards de DH après la fusion
05 fév 2018
L’absorption de Taslif par Salafin va permettre la création d’un acteur majeur sur le marché du crédit à la consommation. Un acteur qui, une fois la fusion validée, sera doté de moyens importants avec des fonds propres de près de 1 milliard de DH et 500 millions de DH de PNB. Aziz Cherkaoui, président du directoire de Salafin, revient sur les détails de cette opération ainsi que sur le projet de développement après la fusion.
- L’Economiste: Salafin et Taslif évoluaient toutes deux dans un marché concurrentiel, comment expliquez-vous ce rapprochement?
- Aziz Cherkaoui: L’ambition de ce partenariat est de faire de Salafin un acteur majeur du crédit à la consommation au Maroc. Avec plus d’un milliard de fonds propres, il sera outillé pour suivre et même dépasser l’évolution du marché. Il sera, dès la fusion, parmi les acteurs majeurs en termes de PNB, de résultat net de rentabilité des fonds propres.
Pour les actionnaires, les intérêts sont convergents: BMCE Bank of Africa renforce sa filiale spécialisée dans le crédit à la consommation et Saham Assurance demeure présent dans le secteur, à travers une participation minoritaire, mais dans une structure plus importante et adossée à un groupe bancaire de premier plan.
- Où se trouve la complémentarité entre les deux sociétés. N'y a-t-il pas de risque de chevauchement dans certains segments d'activités?
- Les deux entités sont sur des segments de marchés et produits similaires, mais avec des pondérations différentes, voire complémentaires. Le nouvel ensemble pourra adresser une plus large clientèle. Concrètement, Salafin est sur le crédit personnel avec prélèvement bancaire, les crédits automobiles, la LOA et les crédits renouvelables. Elle a aussi développé une certaine expertise dans l’activité de gestion pour compte de tiers. J’en veux pour preuve l’expérience réussie en synergie avec sa maison mère BMCE Bank of Africa. Taslif détient un portefeuille important constitué de prêts personnels avec prélèvement à la source. Elle a, outre le financement automobile classique, développé une spécialisation dans le financement de véhicules utilitaires neufs et d’occasion.
- Qu'adviendra-t-il des effectifs et des fonctions qui font doublons?
- Nous donnerons un sens élargi au projet de fusion, qui touchera également les entités opérationnelles. La mutualisation des ressources permettra d’accroître notre efficacité et aussi augmenter notre force de frappe. Le plan stratégique de développement nécessitera certainement de renforcer, voire de créer de nouvelles entités (Digital, Afrique). C’est autant d’opportunités de développement RH que le projet offrira. Donc, la problématique des doublons que pose d’habitude une opération de fusion-absorption devrait se transformer en atout pour notre projet.
- Comment l'opération se traduira au niveau de la Bourse?
- C’est une opération de fusion-absorption de Taslif par Salafin, accompagnée d’une augmentation de capital réservée aux actionnaires actuels de Taslif. Elle se matérialisera par un échange d’actions Salafin contre des actions Taslif (ndlr: 1 action Salafin pour 39 actions Taslif). L’opération sera d’abord soumise aux autorisations légales et réglementaires (ndlr: agrément de Bank Al-Maghrib et visa de la note d’information de l’AMMC). Ces modalités seront arrêtées par le conseil d’administration et le directoire statuant sur l’opération, lors de la signature du traité de fusion, et présentées au vote des Assemblées générales extraordinaires des deux sociétés aux conditions et dispositions usuelles. A l’issue de l’opération, BMCE Bank of Africa détiendra une participation majoritaire de 60,8% et Saham Assurance 13%.
- Que pèsera Salafin après cette opération?
- En additionnant les capitalisations boursières des deux sociétés, Salafin atteindrait une valeur de 2,5 milliards de DH. Avec un total de fonds propres d’environ 1 milliard de DH et un PNB qui avoisinera 500 millions de DH.
- Avez-vous déjà élaboré un plan de développement (diversification, internationalisation...)?
- Nous avons tracé les grandes lignes de notre stratégie de développement, elle devra être affinée au regard des perspectives qu’offre ce partenariat. Y figure en bonne place, le développement en Afrique subsaharienne en collaboration avec notre actionnaire historique BMCE Bank of Africa et sa filiale Bank of Africa mais aussi avec le nouveau partenaire Saham Assurance. C’est un potentiel énorme du fait de la présence des deux groupes dans plus de 20 pays.
- Quelle sera la valeur ajoutée du nouvel ensemble?
- La complémentarité intrinsèque des portefeuilles, conjuguant des expertises reconnues, permettra d’assurer une offre diversifiée couvrant tous les segments de notre marché. Et ceci à travers un réseau de distribution étendu aussi bien au Maroc qu’en Afrique subsaharienne. Un autre volet concernera le développement du canal digital, qui permettra d’adresser ces marchés de manière différenciée.
Propos recueillis par Moulay Ahmed BELGHITI